La récolte des olives est une affaire de famille
Chaque automne c'est une tradition pour les pères, frères et soeurs qui possèdent des oliviers de se réunir avec leurs familles pour travailler tous ensemble dans les champs pour extraire leur huile. Ils ne le considèrent pas comme une corvée mais c'est un moment de joie pour récolter les efforts de l'année.
Les raisons de cette tradition ne sont pas exclusivement financières. Il n’est certainement pas rentable de payer les salaires des travailleurs mais l’élagage constitue une raison importante. Le propriétaire souhaite tailler lui-même ses arbres et ne pas les confier à un élagueur aléatoire aux compétences douteuses. De toute façon, la taille précède la récolte, on ne peut pas récolter un arbre non taillé, donc tout se fait ensemble. Il coupe également les sous-bois, les rejets qui poussent au bas du tronc et transforme l'arbre en buisson qui le rend improductif.
Les ouvriers se rassemblent sur le champ après le lever du soleil. Ils portent de vieux vêtements et les femmes peuvent porter un foulard qui couvre tous les cheveux pour ne pas les salir. La voiture de farm est nécessaire pour charger les sacs. Celui qui possède une voiture de farm il la contribue.
J'ai récolté dans les plaines, les montagnes, les terrasses et les ravins. Le meilleur bien sûr est la montagne car vous avez une vue et un air plus pur tandis que la plaine a de l'humidité et de la boue. Une fois j'étais allé dans les champs de mon cousin difficiles d'accès et où l'on ne pouvait accéder qu'à pied. Le transport a été assuré par la mule de la grand-mère sur laquelle mon cousin sait attacher les sacs à la selle.
Filets posés sous les oliviers
Pour la récolte vous avez besoin d'échelles, de scies, de peignes, de filets, de caisses et de sacs. Les filets sont d’abord étendus sous l’arbre, l’échelle est placée pour que quelqu’un puisse grimper et la récolte commence. Les scies et les peignes se mettent au travail et avec eux de nombreuses discussions entre les membres de la famille.
L'olivier est aussi appelé arbre béni car son fruit ne se gâte pas au froid, il donne du bois de chauffage de bonne qualité et ses feuilles sont mangées par les moutons et les chèvres.
À 11h00 et 14h00 il y a des pauses pour se reposer et manger. Le menu comprend des plats faits maison. Autrefois ma grand-mère apportait à 11h00 un pot généralement avec des pommes de terre kapama. Mes tantes et ma mère avaient préparé une trempette à l'ail, des olives maison, du vin maison, du kefalotiri, et même le pain provenait du four à bois traditionnel de ma tante. Aussi simple que puisse paraître la nourriture à ce moment-là elle a un goût différent, je ne sais pas pourquoi c'est peut-être la combinaison de l'air frais, de l'effort physique et de la bonne humeur qui ouvre l'appétit.
La seule chose qui peut arrêter la récolte ce sont les pluies torrentielles car il est impossible de récolter un arbre mouillé, dès que les branches bougent l'eau vous tombe dessus. S'il pleut légèrement attendez qu'il s'arrête.
J'ai aussi l'occasion de visiter des endroits que je ne visiterais pas autrement, comme la maison ancestrale de ma grand-mère et la maison ancestrale de mes cousins dans les montagnes de Xiropigado en Arcadie. Ces maisons sont situées dans les champs comme c'était la pratique autrefois. Dans une très vieille cabane de ma grand-mère j'ai découvert d'anciens outils de tissage en bois ainsi qu'une légende de la Seconde Guerre mondiale, le fameux bidon de carburant Wehrmacht-Einheitskanister des conquérants allemands qui a révolutionné le transport du carburant sur les champs de bataille.
Les vieilles histoires que j’entends en valent aussi la peine. Ma grand-mère racontait des histoires de pauvreté et de difficultés dans sa jeunesse tandis que ma tante racontait des histoires des années 70 lorsqu'elle était immigrante au Canada. Ils m'expliquent aussi comment ils récoltaient les olives avec la templa, c'est-à-dire le bâton sans filets et ils les ramassaient à la main sur le sol. L'olive qui se trouve au sol et non sur le filet est appelée hamoloi, ce qui signifie vers le bas. Ma grand-mère cueillait même les plus petits avec ses mains qu'elle appelait kokoloi.
Dès que l'arbre est vide d'oliviers les filets sont ramassés et les fruits sont séparés des feuilles. Nous voulons que le fruit n'ait pas de tige ou de feuilles larges, car au pressoir, il n'est plus produit. Ceci est suivi par l'ensachage, le déversement des filets dans des sacs et enfin le chargement dans la camionnette. Les fruits ne restent pas plusieurs jours dans le sac, la récolte est donc immédiatement livrée au pressoir.
La récolte se termine l'après-midi avant 17h00 car il fait alors nuit. Viennent ensuite le repos et le sommeil à la maison et, au fur et à mesure que les jours avancent, dès que quelqu'un termine ses propres champs, il a l'obligation d'aller chez ses proches pour rembourser le travail. Pour ceux qui possèdent beaucoup d’oliviers, la récolte peut prendre jusqu’à 2 mois.